Les bijoux, et plus particulièrement les pierres précieuses, existent et nous fascinent depuis la nuit des temps. Les archéologues ont mis au jour des sépultures datant de plus de 3 000 ans avant notre ère contenant breloques et colliers. La parure précédant ainsi le vêtement, comme en témoignent les idoles dénudées des temps anciens, surchargées de pierreries.
On a longtemps associé aux gemmes un symbolisme mystique et on leur a même prêté des vertus curatives. Les souverains du Moyen Âge aimaient porter un rubis à leur doigt, persuadés que le pouvoir prophétique de la pierre, en virant du rouge au noir, les avertirait d’un danger. Toujours dans le folklore médiéval, l’émeraude, associée au bien et au mal, s’est lentement chargée dans l’imagination populaire d’influences sataniques. Aujourd’hui encore, certaines personnes rechignent à en porter, arguant qu’elle porte malheur. Les Perses, quant à eux, décoraient les harnais de leurs chevaux de turquoises, censées prévenir le cavalier d’une chute éventuelle.
À défaut de clé, le saphir, croyait-on, ouvrait les portes et brisait les chaînes…
Si on ne réduit plus les perles en poudre pour concocter des potions stimulant la virilité des empereurs moghols, les propriétés médicinales dont les pierres seraient dotées justifient en Orient qu’elles se retrouvent dans certaines préparations. Plus agréables à consommer que les gemmes pilées, deux marques de boissons alcoolisées associent encore aujourd’hui l’or pour l’une et l’ambre pour l’autre à leur vodka – espérant peut-être en limiter les effets pervers liés à un abus. Quant à la lithothérapie, méthode thérapeutique issue du mouvement new âge, elle s’appuie sur les principes énergétiques que les pierres sont censées posséder.
Le bijou a été prisé par les deux sexes jusqu’au XVIIIe siècle, la gente masculine aimant autant s’en parer que les dames. Les Celtes couvraient leurs doigts de bagues, leurs poignets et leurs bras de bracelets, et portaient autour du cou d’épaisses bandes en or massif. Dès le Moyen Âge, on transforma le costume en habit de joyaux. Les souverains et l’aristocratie devaient éblouir, indiquant leur appartenance à une caste de privilégiés. Louis XIV recevait ses ambassadeurs dans des atours d’apparat pesant une trentaine de kilos ! Grigori Potemkine, le favori de Catherine II, priait son aide de camp de tenir son chapeau, constellé de diamants, bien trop lourd pour rester longtemps sur sa tête. L’historien Jules Quicherat, dans son Histoire du costume en France (1875), rapporte combien l’affaire était sérieuse. Ainsi cite-t-il le roi de France Henri III, pour qui le moindre achat d’une babiole entraînait des pourparlers plus longs et plus fréquents avec ses ministres qu’aucune autre affaire d’État.
Un mot de l’auteur
J’aime fureter dans les archives de l’Histoire pour dénicher les petites histoires qui en font tout le sel. Pour les relater, j’ai choisi les joyaux comme (précieux, très précieux !) fil conducteur. Ces fabuleux passés géologiques de la terre, une fois extraits des mines, polis, taillés, se retrouvent au cou des puissants de ce monde. Louis XVI et Napoléon ont tenu le diamant Le Régent dans leurs mains. La fille de Catherine de Médicis et Elizabeth Taylor ont porté la même perle. En suivant les parcours pluriséculaires, parfois rocambolesques, parfois tragiques de ces joyaux, j’ai associé ma passion pour l’Histoire avec le plaisir de conter une bonne histoire !